David Paquet: Was in mir brennt…

« Qu’est-ce qui brûle en vous, en tant que créateur jeune public ? »

Ce qui brûle, brûle.
Que ce soit en création jeune public ou en création tout public, le feu reste le même.
Faire une distinction serait prétendre à une différence. Il n’y en a pas.
Les enfants sont les adultes de demain, les adultes sont les enfants d’hier : ensemble, tout deux forment le public d’aujourd’hui.

Maintenant, ma réponse.
Ce qui brûle en moi, c’est le pouvoir de la fiction.
Je ne connais aucun espace de liberté plus grand.
J’ai besoin de ce refuge, de ce monde où tout est possible.
Sans la fiction, le réel m’échappe.

Je choisis de ne pas questionner cet enthousiasme.
Imaginer une femme se dévêtir en criant « La vraie femme à barbe, c’est moi ! La vraie femme à barbe, c’est moi ! » me rend heureux.
De ça, je ne doute pas.
De tout le reste peut-être, mais pas de ça.

La fiction m’enivre. Je m’y saoule. Et plus je bois, plus je brûle.

*

J’écris aussi pour plaire au public.
Je sais : je suis vilain. Mais j’ai toujours porté un profond respect aux gens qui me considèrent.

Le public s’est déplacé.
Il est venu jusqu’à moi. Tout naturel, alors, d’aller jusqu’à lui.
Le public est un invité. Il doit repartir en ayant été reçu.

Plaire, ce n’est pas niveler l’art vers le bas. C’est être assez lucide pour savoir que personne n’écoute quelqu’un qui les emmerde.

En occupant l’espace collectif, je cherche à communiquer. Sans le public, cet échange est impossible. Sans lui, pas de moi.

Qu’on me nomme auteur populiste, populaire m’importe peu. Je respecte trop les gens –tous les gens– pour y voir une insulte.

*

On parle souvent de crises politiques. De crises économiques.
Selon moi, une autre crise sévit, d’autant plus dangereuse qu’elle n’est jamais nommée : la crise poétique.

Quand réussir devient plus important que ressentir, quand le cynisme empêche la beauté, quand les lois du marché piétinent les vertus de l’imagination, il est grand temps, chers amis, de reconnaître qu’il y a crise.

Cela ramène au pouvoir de la fiction. Et à l’importance du public.
Multiplier un avec l’autre, c’est se donner à boire en période de sécheresse poétique.
C’est réapprendre à envisager le monde comme une société des possibles et non de l’étouffement.

Simpliste ? Probablement. Ou non. Je ne sais pas.
C’est que, souvenons-nous, je n’ai qu’une seule certitude : « La vraie femme à barbe, c’est moi ! La vraie femme à barbe, c’est moi ! »

—————————————————————————–

Wir danken dem kanadischen Autor David Paquet für diesen Beitrag. Sein Stück „2 Uhr 14“ in der deutschen Erstaufführung des Theaters der Jungen Welt Leipzig war als herausragendes Jugendtheaterstück zur Biennale Augenblick mal! 2015 eingeladen.

Kommentar verfassen

Trage deine Daten unten ein oder klicke ein Icon um dich einzuloggen:

WordPress.com-Logo

Du kommentierst mit Deinem WordPress.com-Konto. Abmelden /  Ändern )

Twitter-Bild

Du kommentierst mit Deinem Twitter-Konto. Abmelden /  Ändern )

Facebook-Foto

Du kommentierst mit Deinem Facebook-Konto. Abmelden /  Ändern )

Verbinde mit %s